dimanche 27 novembre 2011

Tournoi au fin fond de l'Inde

Après le décor idyllique de Goa, voilà Ranchi dans le Jarkhand, je vous invite à jeter un oeil sur Google Map pour voir où c'est, globalement c'est un endroit très reculé où il n'y a rien ni personne! A vrai dire, c'est un endroit dans ce pays qu'est l'Inde où les investisseurs étrangers n'ont pas encore mis les pieds, ça revient à dire qu'il y a très peu d'infrastructures, que la technologie n'est pas à son apogée et surtout que personne ne parle anglais ici bas, tous les panneaux sont écrit en Hindi et pis c'est tout!

Donc j'en reviens à mon introduction, après Goa, me voilà à Ranchi pour le tournoi national moins de 20 ans à 7, on a inscrit une équipe des Hurricanes composée que de jeunes et nouveaux joueurs, histoire de leur donner de l’expérience et vu que personne ne voulait y aller pour des raisons plus ou moins bonnes, c'est moi qui y suis allé, ça ne me dérange pas au contraire, ça me fait bouger et voir un peu le monde du rugby indien.

Donc mercredi soir je m'envole pour le jeune Etat du Jarkhand issus de la séparation de l'ancien Etat de Bihar qui était géant. J'arrive à Ranchi sur les coup de 20h et je prends un taxi pour le complexe où a lieu le tournoi, là je fais mes premiers pas dans cet Etat qui est bien différent de Delhi car beaucoup plus pauvre et moins technologiquement avancé. Le trafic est vraiment terrible, c'est vraiment la loi du plus fort encore plus qu’ailleurs en Inde de ce que j'ai vu jusqu'à présent, mon taxi roule carrément sur la droite de la route klaxonnant et faisant des appels de phares aux malheureux deux roues arrivant en sens inverse, mais quand un bus ou un camion pointaient leur nez il valait mieux se ranger car ce n'était pas eux qui se poussaient.

Bref je suis arrivé en vie, il est 21h je précède de quelque minutes 7 de mes joueurs qui sont partis le mardi matin en train, je ne les connais pas tous, certain venant de l'autre bout de la ville et s’entraînant à Bawana (j'en ai déjà parlé si je ne m'abuse). Là on gagne nos "appartements" une pièce vide où l'on installe nos peu épais matelas oreillers et notre drap individuel fournis aimablement par les hôtes... Les douches/sanitaires sont minables... Il n'y a qu'un maigre tuyaux par lequel l'eau sort pour les "douche" de tous et pas d'eau dans les toilettes... Je peux vous dire qu'on arrivait juste et que ces derniers puaient déjà la mort! On va ensuite manger dans le "self", la nourriture qui nous est servit sera la même pendant 3 jours: pain indien, riz, dhal, légumes, le bonheur! Je retrouve beaucoup de connaissances de mon premier séjour indien, des personnes en charge d'équipes de jeunes dans tout le pays qui font un super boulot, je reconnais aussi quelque joueurs que j'avais rencontré lors d'un tournoi moins de 16 ans auquel j'avais assisté alors. Crevé, on va se coucher, le terrain n'étant pas prêt le tournoi ne commencera pas avant midi le lendemain ce qui nous arrange car 3 de nos joueurs (avec les maillots) ne sont pas encore arrivés (on espère alors qu'ils arriveront dans la nuit). 


Le lendemain matin mes boys sont réveillé à 6h et ne se soucient pas un poil de mon sommeil, ils font leur vie dans la chambre, jouant, parlant à haute voix etc. Après l'envoie de tout ce qui me passait sous le main j'ai enfin pu avoir le silence mais c'était trop tard... Debout 6h30, mon premier objectif a été de trouver un endroit qui remplacerait cet immonde endroit qu'étaient les sanitaire de "l'hôtel" où on résidait, et quoi de mieux que la nature...? A 10 seconde prêt je me faisais surprendre par un régiment de 200 militaires qui se baladait dans le coin... Je vais ensuite sur les lieux du tournoi. L'endroit où on est est très à l'écart de la ville, il n'y a rien autour, il n'y a pas de réseau pour le téléphone, on est totalement en dépendant de l'organisation. Et justement là où on est c'est ici qu'ont eu lieu il n'y a pas si longtemps les Jeux Nationaux (genre de Jeux Olympiques Indiens) et pour cet évènement un complexe énormissime a été bâti avec des stadiums, piscines, vélodromes, gymnases, courts de tennis etc etc, le tout pour tous les sports possibles. Ces installations sont relativement modernes et géantes (le stadium d'atlhé où le tournoi se déroulait devait compter prêt de 15000-20000 places), le tout dans un no mans land comme celui où on était c'était assez paradoxale et irréaliste. Qui plus est par rapport à l'importance du site, l'emploi qui en est fait est dérisoire, je présume qu'ils postulent pour organiser tous les évènements de tous les sports histoire de rentabiliser ces infrastructures mais bon c'est encore un exemple du gâchis que fait l'Inde, un complexe comme celui là serait idéal proche de n'importe quelle ville du pays d'autant que les infrastructures sportives font défauts sur tout le territoire, mais non ils l'ont implanté au milieu de nul part pour un évènement sans lendemain, c'est dommage!


Donc j'arrive sur les coup de 9h avec mon équipe histoire de décrasser les jeunes et revoir un peu les basics qui sont après examen à voir tout simplement! Je propose aussi mes services à l'organisation pour l'arbitrage. Cette dernière qui m'avait déjà prévu est en train de "monter" le terrain en traçant des lignes, en rebouchant les trous causés par les lanceurs de poids, en dressant des poteaux de fortunes. La compétition commencera à 12h on a de la chance notre premier match sera à 15h, j'espère que d'ici là mes 3 derniers joueurs seront arrivés. 


La compétition commence enfin, certaines équipes affichent un très beau jeu et se positionnent comme prétendant à la victoire finale telles Jungle Crows, Future Hope et KISS, d'autre sont un peu plus brouillonnent mais ont de bonnes bases et se battent avec leur enthousiasme et leurs individualités, et enfin il y a les débutants qui sont vraiment durs à arbitrer car ils ne connaissent vraiment rien et il faut donc prendre le temps de leur expliquer mais ils ne comprennent encore moins car ne parlent pas anglais et quand je donne un bras cassé après avoir expliqué 5 fois d'affilé d'attendre mes consignes en mêlée tout le monde me regarde pendant 10 secondes des regards interrogatif sur ce geste bizarre que je fais et ces paroles que je prononce...



Pour notre premier match on est opposé à Bihar 1 peut-être la pire équipe du tournoi, ils ne connaissent rien au rugby, n'y jouant que depuis deux semaines. On est 7 pour ce match les gars étant toujours dans le train depuis mardi 14h30, nous sommes jeudi 14h30... On empreinte donc les maillots d'une autre équipe et on rentre sur le terrain: je vais vous dire, heureusement que c'était des débutants en face car on n'a pas été brillant aplatissant à 3 reprises après la ligne des 5 mètres (1 fois OK ça peut arriver mais 3 fois!!!). On gagne tout de même logiquement, et notre 2nd match est à 18h30, j'espère que cette fois-ci mes gars seront au complet... Ils n'arriveront qu'à la mi-temps du match, donc trop court pour les faire jouer, malgré cela, notre niveau de jeu augmente et on arrive à gagner contre l'équipe 2 de Jammu & Kashmir (J&K) qui était meilleur que Bihar maîtrisant au moins les règles basiques. Pour le dernier match de poule on est opposé à KISS qui a impressionné jusqu'ici par la fluidité de son jeu et son organisation collective, heureusement je dispose cette fois-ci de mon effectif complet. Hélas ça n'aura pas été suffisant, on s'est pris une belle branlée étant confronté à ce qui se fait se mieux dans ce tournoi.

Les matchs se termine sous la lumière des projecteurs (chose rare en Inde) à 22h, la journée aura été longue, je ne tarde pas à aller me coucher. Les nuits sont relativement fraîches comme à Delhi et les Moustiques sont toujours mes amis, j'ai beau essayer de couvrir un maximum de ma peau mais ces derniers arrivent toujours trouver une main, une cheville, un front à piquer... Heureusement ils ne provoquent pas des boutons qui démangent, c'est juste sur le moment que c'est désagréable. Et les matin je retrouve ces bougres d'insectes qui volent, ils sont tellement remplis de sang qu'ils en sont obèses et volent aux ralenti, je prends alors ma revanche me tachant les mains de mon sang stocké dans leur panche!


Le vendredi c'est au tour des filles de jouer c'est des moins de 16 ans et paradoxalement contrairement à certaines équipes de garçons elles connaissent les basiques du jeu (la passe en arrière entre autre) cela n'empêche pas d'avoir un niveau très moyen à part deux équipe qui se détachent (les filles de KISS jouent super bien elles aussi!), il y a beaucoup d'agressivité, alors qu'avec les garçons je n'ai jamais eu à envoyé un joueur dehors, avec les filles j'ai du le faire à plusieurs reprises pour plaquages dangereux à répétition. 

En fin d'après midi on joue notre quart de finale contre J&K1 qui sont contrairement à leur équipe 2 expérimentés et vraiment gaillards. Mes joueurs font leur meilleur match du tournoi contre cette équipe qui a finit 1ère de poule mais ce n'est pas suffisant on se prend un essai dans chaque mi-temps, on jouera la demi-finale de la Plate (Cup: trophée majeur, Plate: trophée de seconde zone, Bowl: trophée des débutants) le lendemain contre l'équipe du Kerala qui a montré beaucoup d’agressivité dans leurs match tout comme leurs féminines, j'ai eu à les arbitrer et à un moment où je les sermonnais pour ne pas m'écouter et faire du jeu dangereux, celui à qui je faisais les gros yeux s'est mis à tripoter ses lobes d'oreilles en disant "Sorry Sir, Sorry Sir!" et en me touchant les pieds ensuite, le premier geste est un geste d'excuses envers quelqu'un à qui l'on a manqué de respect et qui est dans la hiérarchie soit institutionnelle soit des classes plus haut, et le second geste est une marque de grand respect pour la personnes, vous verrez souvent des étudiants toucher les pieds de leurs professeurs pour leurs montrer le respects qu'ils ont pour eux.

Le soir, je rejoins les organisateurs dans leur Guest House (100 fois plus confortable que notre logement) pour boire un verre avec eux et pour parler rugby indien. Là je me rends compte que je ne suis vraiment pas le seul à ne pas penser que des bonnes choses de la fédé de rugby indienne et loin de là, il y a pas mal de problème sur des questions, d'argent, de postes, de copinage, etc. On m'avertit aussi de ne pas trop conspirer contre eux car ils ont les bras long et peuvent s'arranger pour que je ne revienne pas en Inde... Bref, je passe la soirée avec eux et retrouve mes p'tits loups pour dormir enfin pour m'offrir en festin aux moustiques!

Jour 3 jour de finales, on est plus que deux à s'alterner les matchs à l'arbitrages, les autres étant dépassés, je me régale, mes joueurs sont briefés et arrivent sur le stade prêt à en découdre. Mais hélas à l'heure du match, des erreurs de défense nous aurons coûté la victoire, on est éliminé et sommes classé 7ème sur 16. Moi je continue à arbitrer, mélangeant Hindi et anglais pour me faire comprendre. Mon avion étant à 19h30 je dois partir à 17h et ne peux pas arbitrer la finale. Ce sont les équipes de KISS chez les garçons et les filles qui ont remporté les tournois, ils le méritent vraiment par le jeu produit et par l'état d'esprit. C'est une équipe qui gagne tout chez les jeunes mais qui ne peux pas passer l'échelon chez les adultes car en déficit physiquement.


Je rentre chez moi par avion, il est 22h, je me mets à jours après avoir été coupé du monde occidental pendant 4 jours et vais me coucher car dimanche grosse journée, entrainement à 7h suivi de l'école de rugby à 8h30 et suivi par un tournoi de toucher à 10h, tout se passe à merveille, pour le tournoi, je fais des équipes mixtes de 4-5, je leur demande de trouver un nom d'équipe et un cri de guerre, on n'est pas beaucoup (35) mais on s'amuse bien, on joue jusqu'à 12h30 puis on se met à table, j'ai demandé à tout le monde d'apporter un petit quelque chose à manger histoire de faire un grand pique nique collectif, tout le monde à marché c'était super sympa!

Cette compétition à Ranchi aura été bénéfique, elle aura pu donner de l’expérience à ces joueurs et personnellement elle m'a permit de rencontrer  beaucoup de personnes du monde du rugby indien. Et il se trouve que le travail que je fais à Delhi avec les Hurricanes est remarqué, et pas moins de 5 clubs se sont renseignés sur mes disponibilités et si je voulais venir dans leur club pour travailler avec eux (Mumbaï, Kolkata, J&K, KISS et Bangalore), ça fait vraiment chaud au coeur, et quelque part c'est un peu ma revanche, je leur ai tous proposé ce que j'ai proposé à Delhi et tous m'ont refusé à ce moment, seul Delhi à fait le pari Pierre à l'édifice et maintenant ils veulent tous quelqu'un pour développer le rugby comme je le fais à Delhi. Mais vu que je ne suis pas rancunier, je me propose tout de même de les aider. Donc c'est un  appel officiel, si quelqu'un est intéressé pour venir en Inde pour développer le rugby comme je le fais faites moi signe, on peut en parler, il est toujours envisageable de faire une mission de 6 mois un an, le but avant de partir étant de trouver des partenariats ou dons pour l'association afin de financer le VISA et le billet d'avion aller-retour, le logement fournit avec connexion internet étant la condition principale avec un pourcentage de l'argent ramené via les partenariats trouvé pour le club. Dans certain cas il est même envisageable d'avoir un salaire de la part du club!

Outre ceci, ma tête fourmille d'idées pour le club, pleins de projets en perspective!

Vous pouvez aussi suivre le projet sur Facebook sur Pierre à l'édifice ou sur Twitter @PierrealEdifice. 

2 commentaires:

  1. honnêtement j'ai pas tout lu, mais dis donc, quelle belle expérience tu as l'air de vivre là ;D

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  2. Pour sur c'est dépaysant!

    Mais quel bonheur!

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