mardi 22 novembre 2011

Goa

Goa c'est mon meilleur souvenir de vacances, j'y étais allé avec mon colloc de Bangalore Ben pour un long weekend en avril 2008 et ça avait été simplement parfait!

Donc quand on nous a proposé de participé (moyennant 30 000 roupies) à un tournoi international de rugby à 10 là bas c'est avec enthousiasme qu'on a accepté! Le tournoi se déroulant le vendredi et samedi en parallèle avec le HSBC Asian 7's Tournament Goa (une étape de la compétition de rugby à 7 asiatique) qui se joue le samedi et le dimanche je suis arrivé le mercredi après midi alors que mes joueurs arrivaient le lendemain soir afin de profiter un peu avant la compétition, mais j'avais bien en tête de profiter aussi après le tournoi.

Jour 1 et 2 (mercredi et jeudi): le calme avant la tempête.

A mon arrivée, je rejoins Panaji la capitale de Goa où va se jouer le tournoi, je retrouve Pepsi, Chotu et Lee qui sont là depuis plus d'une semaine dans le cadre d'un camp d'entrainement de l'équipe d'Inde pour le tournoi international à 7, je vais  loger avec eux ce soir là. Au moment où j'arrive ils sont sur le point de partir à l'entrainement, je pose mon sac, me change (il fait très chaud par ici) et les rejoins sur le terrain qui est 200 mètres plus loin. Là je rencontre Anish, un indien de Goa qui doit avoir 25-26 ans qui a pris la présidence du club de rugby (enfin qui est en train de le créer...) et qui a un joli projet en tête. Je rencontre aussi Izzy le coach de l'équipe d'Inde, il est de Singapour et bosse pour l'IRB, il a été envoyé ici car l'Inde n'avait pas d’entraîneur... J'assiste à l'entrainement, il sont seulement 11 pour le camps alors qu'ils devraient être au moins 14 pour pouvoir faire des oppositions et des entraînements complet. Après deux heure sous la chaleur, l'entrainement prend fin et je rentre au logement avec l'équipe, je connais la majorité d'entre eux de mon précédent périple indien, il y a 4 types de l'armée, 2 gars de Bombay Gymkhana et un garçon de Jungle Crows. Il se trouve que le logement est vraiment limite, surtout pour un camp de sélection nationale, pour l'anecdote, un autre camp séjournait dans la structure, une sélection de district moins de 16 ans d'athlétisme...



Le lendemain je vais louer un scooter à la journée et me voilà parti sur les route de Goa en direction des plages, pour y arriver je dois prendre le ferry, c'est plutôt sympa. Je prends ensuite la direction de plage dont j'ai entendu parlé puis à un moment je m'enfonce dans une petite rue à partir de la route principal et je vais à scooter le maximum possible. Je laisse ce dernier quand la route s'arrête et prend le sentier de sable fin qui commence à ce niveau. Après 300 mètres de marche j'y suis! Devant moi l'Océan Indien et les plage de Goa!


Mon premier réflexe est d'aller tremper mes pieds dans une eau qui doit frôler les 30°. Ensuite ne sachant pas où je me trouve je demande à la 1ère personne qui passe sur quelle plage on se trouve. Il se trouve que c'est un français qui s'appelle Romain, qui vient de Clermont et qui est un grand amateur de rugby, il est en vacance en Inde. Etant seul tout les deux on décide de continuer ensemble. C'est vraiment un amoureux du ballon ovale et il est content de rencontrer ce sport en Inde, je l'invite à passer lors du tournoi. On passe donc la journée ensemble, je lui fais découvrir le Butter Chicken et les Noix de Coco et on parle rugby.


Après une journée à alterner entre bronzette et trempette, on rentre, je dépose Romain à son logement et je retrouve mes joueurs à leur entrainement. Après ce dernier je change de chambre pour aller dans l'hôtel où l'on va résider avec l'équipe de Delhi, c'est bien mieux que le logement de la sélection et pas pour autant beaucoup plus chère je suppose! Les gars arrivent le soir à 23h30, ils sont crevés et ça se voit, les 36h de train sont éprouvantes pour les organismes. Je ne les embête pas trop, leur fixe juste l'heure du rdv pour le lendemain.

Jours 3-4-5: qui a dit vacances?

Donc le lendemain, je les retrouve à 10h30 pour la remise des maillots, je glisse un petit mot à chacun et leur annonce que notre objectif sur ce tournoi est la victoire, en effet, on s'est inscrit à un tournoi international mais il n'y a finalement que 6 équipes, deux de Bangalore, deux de Mumbaï,, une de Chatisgar et la notre, donc bien qu'ayant une équipe jeune et manquant d'experience, je pense tout de même qu'on peut remporter le tournoi si l'on montre une bonne cohésion et si on est intraitable en défense. On nous a dit que le tournoi commencerait à 13h donc je vais pour 11h30 au terrain avec le groupe pour que l'on mange un bout avant de jouer, là bas rien n'est prêt, le terrain est très dur, les lignes ne sont pas tracées et le déjeuner pas là donc on est obligé d'attendre, on nous dit que le coup d'envoi du premier match est décalé à 13h30... Donc pendant l'attente je retrouve mes anciens joueurs de Bangalore que j'ai entraîné en 2008, tous les cadres sont là, ils sont venus avec la grosse équipe. Ça me fait plaisir car ils sont content de me voir, certains n'ont pas changé d'autre beaucoup. Vers 12h30 les repas arrivent enfin et les lignes ne sont toujours pas finis on nous dit que l'on repousse le début des match à 14h, on nous donne aussi notre poule, on jouera contre la seconde équipe de Mumbaï et ... Bangalore le tout en 1h, à 14h puis à 15h avec des mi-temps de 10 minutes.

J'avais mis en contact la fédé indienne de rugby avec une ONG avec qui j'avais travaillé à Delhi et qui est basée à Goa leur suggérant de profiter de l'exposition du tournoi international pour faire un programme avec les enfants. Ils sont donc rentré en contact et ont arrangé un programme, pendant les trois jours de tournoi, des enfants venant de différents orphelinats ou d'écoles spécialisés vont se succéder sur le site pour assister aux matchs et participer à des initiations au rugby. Et il se trouve qu'il ont pensé à moi pour m'occuper de tout cela. Je n'ai bien sur pas dit non et j'ai même accepté avec plaisir mais ce que je ne savais pas c'est qu'il y aurait 3 sessions par jours avec 50 gamins au moins par session à gérer et faire ça à deux c'est vraiment usant. Qui plus est on m'a demandé d'arbitrer des match du tournoi à 10 et d'être arbitre de touche ou d'en-but pour le tournoi à 7...



A 14h on est prêt à entrer sur le terrain quand le responsable de la fédé indienne vient nous voir pour nous dire qu'ils n'ont pas finit de tracer les lignes et que l'on doit encore attendre 15 minutes, alors là je dis que c'est chiant (à ma manière), et leur fait savoir que je ne suis pas content, il se met sur ses grands chevaux et commence à me dire que notre tournoi n'était pas parfait loin de là (alors qu'il disait à la fin de ce dernier que c'était le meilleur tournoi organisé depuis longtemps en Inde) et que si je n'étais pas content on pouvait partir... Vu son comportement je n'ai pas voulu m'énerver pour ne pas dire tout ce que je pensais, il faut savoir que la fédération indienne est assez corrompu et despotique, pas mal d'argent accordé au rugby indien n'est jamais redistribué, et ils sont 2 en haut de l'organigramme, Pramod Khanna le Président élu depuis 2001 et qui depuis cette année n'a plus organisé les élections pour la tête de la fédération qui devraient avoir lieu tous les deux ans, avec lui, il y a Nasser Hussain, qui n'est pas un mauvais bougre mais qui se place un peu partout ainsi que son club Bombay Gykhanna, c'est le joueur emblématique et historique de l'équipe d'Inde qui continue à jouer devant les caméra, enfin il y a beaucoup de politique dans cette fédération (comme dans beaucoup d'autre je suppose), et les Delhi Hurricanes se posent en combattant de l'inégalité pour un rugby indien juste!

Bref, passons cette aparté, on a finalement commencé notre match à 14h45... J'ai bien pu motiver mes joueurs leurs disant qu'on se foutait de nous, qu'ils ne nous respectaient pas, etc, etc. Résultat 39-0 pour nous, l'équipe en face était jeune et peu expérimenté, mes joueurs jouent un peu seul mais vu l'opposition on s'en sort bien. Le temps de faire un petit debrief, je m'en vais m'occuper des enfants amené par l'ONG, là l’entraîneur de l'équipe d'Inde me donne une sorte de programme avec différents exercices et une progression à suivre, exactement ce que j'ai fait avec mes coachs à Delhi sauf que cette fois-ci les rôles sont inversé. En même temps, on donne aux enfants des T-shirts et casquettes aux couleurs du sponsors du tournoi international. La session se passe bien et dés que l'on finit, je file voir mes boys pour les préparer au match suivant que l'on enchaîne. Ca me fait bizarre de voir mes nouveaux joueurs contre mes anciens sur le terrain, et la différence d’expérience se fait rapidement sentir, mes joueurs sont enthousiaste mais se consomme trop dans les rucks, les joueurs de Bangalore plus puissant physiquement usent moins de personnes dans ces phases et c'est logiquement que l'on se prend des essais en bout d'aile à cause d'infériorités numérique. On perd lourdement 29-0.

Après le débriefing j'invite mes joueurs à rentrer à l'hôtel et se reposer, moi je vais m'occuper d'un nouveau groupe de jeune, j’enchaîne ensuite avec l'arbitrage du dernier match de la journée. On est qualifié pour les demi-finale que l'on jouera le lendemain contre Bombay Gymkhana. Je rentre épuisé à l'hôtel, le temps de prendre une douche je réunis tous les joueurs pour leur expliquer les plans du lendemain et pour les convoquer 1 à 1 dans ma chambre pour des entretiens individuels pour dresser des bilans personnels et collectifs de la journée et aussi pour donner des objectifs. Après cela, j'ai rendez vous à l'hôtel de luxe où résident toutes les équipes du tournoi international pour un briefing arbitrage, je ne suis vraiment pas motivé, même si arbitrer ne me dérange pas l'arbitrage de haut niveau est vraiment prise de tête pour moi. Donc après cette "formalité", je rentre enfin me reposer un peu, je me prends à manger en chemin. Il est 23h30 je suis lessivé!

Samedi matin, rendez vous 8h45 au terrain, le tournoi commence à 9h30, mes joueurs ont pour consigne d'être là pour 11h30 ayant notre match à 13h. Les équipes arrivent au fur à mesure, il y en a 8 répartis en 2 groupes: Hong Kong, Emirats Arabes Unis, Singapour et Iran dans l'un et Chine, Kazakhstan, Emirats Arabes Unis Shaheen et bien entendu l'Inde dans l'autre. J'arbitre en tant qu'arbitre de touche le second match de la journée entre Singapour et EAU, il y a un sacré niveau, et les physiques sont impressionnants, certains gars sont "normaux" comme peuvent l'être des rugbymen mais d'autres sont vraiment sur-gaillard! Après le premier match de la journée, le premier groupe d'enfant arrive  et qui s'en charge bien sur?! Pierre! Ça se passe toujours aussi bien mais ma voix commence à me faire défaut, non pas que je crie après les enfants, mais il faut montrer beaucoup d'enthousiasme et parler fort pour que le groupe de 50 enfants puisse entendre (comprendre c'est moins sur!), heureusement j'ai un indien avec moi qui ré-explique les consignes en Hindi pour bien s'assurer que tout le monde comprend. Après cette session je ré-arbitre un match en tant qu'arbitre d'en-but et je vais enfin retrouver mes joueurs.



Romain que j'ai rencontré sur les plage le jeudi est venu, il est super content de voir du rugby et surtout une compétition comme celle là ici en Inde, il ne s'y attendait pas mais il est ravi!

Je  meurs d'envie de jouer, déjà parce que j'aime ça et ensuite car personne dans mon groupe prend les clés du camion, tous étant jeunes et sans expérience, il sont très (trop) enthousiaste et ne savent pas se réguler notamment la charnière. Donc après avoir demandé confirmation, il se trouve que je suis autorisé à joué. Donc je me place en demi-d'ouverture, je suis totalement inexpérimenté à  ce poste mais mon physique, ma technique et l’expérience du rugby me permettent quand même à ce niveau d'orienter le jeu convenablement.

Donc on commence le match contre cette équipe de Bombay Gymkhana qui a beaucoup d’expérience, qui est lourde et physique. Notre enthousiasme est toujours le même que la veille, on se consomme moins mais toujours trop, et encore une fois les décalages se font aux ailes où nos ailiers ne restent pas en face de leur vis à vis et vont défendre sur des joueurs déjà marqués, résultat à la mi-temps, 17-0 contre nous et ma blessure au genou datant de mon premier entrainement avec les Hurricanes refait surface. Je serre les dents et encourage mes joueurs. Les joueurs de Mumbaï étant usés et fatigués on attaque la seconde mi-temps on inscrivant un essai en première intention après une mêlée, on en marque un autre 3 minutes plus tard. Mais hélas on ne peut pas en marquer d'autre et le match se finit sur un score de 17-10, on jouera la 3ème place contre la seconde équipe de Bangalore alors que la première jouera la finale.

Je continue mon marathon avec les enfants, j'arrive à m'extraire de l'arbitrage mais ma voix est décidément en vacances. Pour le match de la 3ème place, je ne commence pas laissant mes joueurs prendre leurs responsabilités mais après une première mi-temps pénible, je rentre en 9 et fait rentrer un type qui était avec nous en tant que supporter mais qui est très bon et très puissant en 2nde ligne. Résultat, on a gagné toutes les mêlée en seconde période mais souvent (par manque d’expérience) je me suis fait chahuté à la sortie, n'ayant pas de 3ème ligne pour me protéger. J'arrive toutefois à réguler le jeu et on prend le dessus, on gagne le match pour la 3ème place 12-0. Pour l'anecdote Bangalore a remporté largement la finale contre Bombay Gym.

On assiste à la remise des prix, on me remet la mini-coupe du plus "Français", je ne sais pas trop ce que ça veut dire, ensuite j'invite tous mes joueurs à se retrouver sur la plage en début de soirée avec des bières pour passer un bon moment ensemble.

Dans l'autre compétition, l'Inde a galéré dans son groupe, finissant 3ème, place non éliminatoire car toutes les équipes sont qualifiées pour les quart de finale, seulement ils joueront contre le deuxième de l'autre groupe: EAU. Hong Kong et la Chine ont vraiment impressionné.

Le soir tous les membres de l'équipe sont présent, on passe 2h sur la plage, certains sont attaqués par l'alcool et me racontent toutes leur pensées, enfin on passe un bon moment. A 22h30, Anish vient me récupérer et on part faire la fête dans des bars branchés de la côte Goanaise, retour 5h30...

Debout à 9h30, les joueurs m'ont d'abord dit qu'ils voulaient aller à la plage, moi ça m'arrangeait, je les accompagnerais et ça m'éviterait d'être l'homme à tout faire du tournoi. Mais au derniers moment ces derniers me disent qu'ils veulent aller voir l'équipe d'Inde jouer, donc pas le choix j'ai du aussi y aller. Et rebelote pendant toute la journée j'ai enchaîné les groupes d'enfants, j'étais totalement HS! J'ai quand même eu le temps entre midi et deux d'aller me balader dans Panaji, la vieille ville et je me suis vraiment régaler dans ce quartier à fort accent portugais, l'empreinte lusitanienne est encore omni-présente ici bien qu'ils aient quitter la région il y a plus de 50 ans, la TV portugaise est toujours diffusée et les noms des Goans sont à sonorité portugaise. Je finis ma visite par le marché qui contrairement à Delhi sent bon le poisson frais et la viande, il y a de tout, c'est vraiment sympa!



Je retourne au stade, finit mes missions, Hong Kong a gagné la compétition en étrillant la Chine en finale, l'Inde a elle finit avant-dernière, mes 3 joueurs n'ont rien à se reprocher, ils ont été des moteurs de l'équipe contrairement aux gars venant de l'équipe de l'armée qui ne se sont pas investis. Je pense (et ne suis pas le seul) que l'équipe des Hurricanes aurait fait mieux que l'équipe indienne dans ce tournoi avec une préparation similaire. 

Après la remise des prix, je suis rentré à l'hôtel, j'ai rendu le scooter qui aura vraiment utile et super cool d'avoir. Mon avion est à 20h40, je retrouve mes 3 internationaux dans le hall de départ, ils prennent l'avion juste avant le miens. Je rentre chez moi à minuit et demi je suis mort, j'essaye de me mettre à jours de 5 jours sans nouvelles, sans info via internet (dépendance...) et je m'éteins rapidement.

Ce tournoi aura été très limite dans son organisation et son contenu mais il aura tout de même apporté du temps de jeu et de l’expérience à des joueurs qui n'ont pas forcement l'occasion de beaucoup jouer en match officiel en principe. Pour ma part je finis cette semaine sur les rotules, depuis avant mon départ je suis malade et ça ne s'est toujours pas arrangé, je tousse comme un fumeur. Je n'aurais pas pu profiter réelement de Goa bien que j'ai beaucoup apprécié, sans aucun doute j'y retournerai!

Maintenant rentré plusieurs dossiers chauds m'attendent à Delhi, outre régler tout le confort de mon appart (eau, électricité), je dois lancer la seconde école de rugby de la ville pour les école britannique, française et américaine, lancer les entraînements dans les écoles autour du terrain mais surtout, je dois aller à Ranchi dans le Jarkhand, on a trouvé personne pour y aller donc mercredi je reprends l'avion pour rejoindre mes moins de 20 ans qui vont jouer le tournoi de leur catégorie de rugby à 7. Retour samedi soir et dimanche tournoi familiale de touché.

Le scooter à Goa m'a vraiment donné envie d'en faire, j'ai donc pris le scooter à vitesse et suis parti sur les routes pour apprendre à gérer la bête, et c'est plus facile que je ne le pensais, c'est bon je conduis le scooter à Delhi maintenant, à moi la liberté!



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