lundi 25 juin 2012

Dures semaines...

Mes excuses pour commencer cet article, je n'ai pas écris depuis longtemps, je vous avouerai que je n'avais pas le coeur à ça, je vais vous expliquer pourquoi.

Lors du dernier article je vous faisais part d'un mail que j'envoyais à Monsieur Bernard Lapasset afin d'attirer son regard sur le rugby indien, sur l'article précédent je vous parlais de la remise en marche de tous les contacts, et globalement des projets du club.

Depuis ces articles, je vous avouerai que peu de choses ont changé, certes le club a repris sérieusement toutes ses activités, mais pas plus. Le fait que les vacances d'été se finissent en juillet (pour les écoles indiennes), le programme que l'on a avec l'ONG est en suspens, et celui avec la British School est aussi en stand-bye, même plus car les terrains de l'école ne sont plus praticables pour cause de travaux. On envisage donc de faire venir les enfants les samedi matin sur notre terrain en même temps que l'école de rugby.

Donc à part entraîner 3 fois par semaines et envoyer des mails et passer des coups de fils qui restent souvent sans réponses car il s'agit de parler sponsoring, et bien je n'ai pas grand chose à faire... C'est très frustrant car je me sens impuissant dans ce sens là, où j'aimerai faire bien plus mais je ne peux pas, entre autre avec les écoles qui sont actuellement fermées, j'ai comme ambition d'aller dans les écoles 100% indiennes pour y introduire le rugby, mais vu que dans ces dernières, la pratique de l'anglais n'est pas obligatoire, je ne peux pas y aller seul dans la mesure où même la hiérarchie ne me comprendra pas... Et bien sur lorsque je demande à mes joueurs de m'aider, ils ne disent bien sur jamais non, mais j'attends toujours... Donc gros sentiment de frustration. Au passage j'ai eu une réponse d'un collaborateur de Bernard Lapasset me disant qu'il allait voir ce qui était possible de faire, depuis je n'ai pas de nouvelles.

Qui plus est, je vous annonçais que l'on allait participer lors de ce mois de juin à un tournoi à Calcutta et un autre dans le Jammu & Kashmir. Le second tournoi a du être repoussé à août pour je ne sais quelle raison, et pour ce qui est du premier, dans la mesure où le club n'a vraiment mais vraiment pas d'argent on a demandé aux joueurs de payer leur déplacement (1000 rupees l'aller/retour en train soit 15€ pour faire 3000km), mais cette somme reste importante en Inde surtout pour des personnes issus de villages. Donc un à un, les joueurs dans la liste, sans jamais me parler d'argent, ont trouvé diverses excuses pour ne pas y aller (examens, problème dans la famille, la vache est malade, etc etc). Donc je me retrouve le dimanche avant le tournoi avec une équipe plus qu'affaiblie, mais ça reste quand même bien pour ces jeunes, ça leur donnera du temps de jeu et de l’expérience.

Mais dimanche 17 juin était décidément un jour sans, je continue pendant les entraînements à enseigner le plan de jeu donc bien entendu je joue car je vais jouer la compétition. Et là, sur une action où je suis en défense à bloquer le porteur de balle, un de ses coéquipier vient à son support en me plaquant sur le coté du genou et.... crac... Je ne peux m'empêcher d'avoir une plainte de douleur sur le coup. Le jeu s'arrête, mon genou me tire, bien entendu il n'y a pas de kiné sur le bord du terrain, donc obligé de se débrouiller tout seul, mon genou peut tout de même se fléchir normalement mais ça tire sur l’intérieur. Je me déplace donc tant bien que mal, sur le côté du terrain, l'entrainement reprend. 

Là dans ma tête il y a tout qui s'effondre, beaucoup d'amis ont eu des blessures aux genoux et je sais par conséquent que ce n'est vraiment pas cool surtout si il y a opération au bout, et ma participation à mon objectif principal qu'est la compétition nationale de septembre prend un sérieux coup dans l'aile... Ca ne va vraiment pas fort alors.

Un de mes joueurs m'amène après l'entrainement dans des urgences d'un hôpital gouvernemental indien (gratuit), je passe alors une radio qui ne montre aucune fracture. Ensuite le docteur qui ne me touche même pas le genou, me dit de revenir une semaine après pour faire d'autre examens quand ce sera dégonflé... Je reste quand même sceptique d'autant que je rentre chez moi sans savoir ce que j'ai. En se refroidissant, mon genou tire d'autant plus et j'ai vraiment une instabilité sur l’intérieur. J'avais amené de France une atèle élastique pour genou que m'avait prescrit un médecin pour mon genou droit suite à ma petite blessure intervenue à ma première arrivée en Inde, donc cette atèle se révèle très utile, m'apportant de la stabilité. Cependant je ne peux pas trop bouger donc je passe ma journée chez moi à glacer mon articulation.

Je profite de mon inactivité pour demander conseils à des amis kinés, ostéos, qui d'après ce que je dis m'annoncent avec des guillemets car bien entendu ils ne peuvent pas le confirmer étant à des milliers de kilomètres que mon ligament latéral interne serait touché...

N'ayant pas la patience d'attendre une semaine j'essaye de prendre un rendez-vous pour le mercredi suivant mais on me dit que le prochain créneaux possible sera le 27... Donc je décide de faire ce que je voulais depuis le début, à savoir aller dans une clinique privé, certes il faut payer, mais au moins je serais serein quant à l'hygiène et aux compétences des médecins qui eux parlent anglais. Je vais donc sur les conseils de Kuldeep -qui est un expert en matière de blessure au genou- consulter un médecin qui me manipule un peu et qui lui aussi me parle de mon ligament latéral interne mais aussi de mon ménisque. Mais avant de tirer des conclusion, il m’envoie passer un IRM pour y voir plus clair. 

Je n'avais jamais passé d'IRM et j'ai été sacrement surpris, on est alors allongé et introduit dans une machine pour 20 minutes, 20 minutes qui sont loin d'être de tout repos car cela fait un bruit monstre, telle une première note très puissante de guitare électrique qui durerait sans fin et le tout à un volume incroyable! Et bien vous le croirez ou pas, mais je m'y suis littéralement assoupis...

Donc en sortant de cette bulle hypra-sonore, j'essaye de tirer quelque infos du docteur qui me dit de revenir le soir pour chercher les clichés et qui ajoute que le ligament interne est bien touché, mais je n'arrive pas vraiment à le comprendre ayant un vocabulaire limité, quand on commence à parler avec des mots scientifiques je ne comprends plus!

Même topo le soir où il ajoute que le ménisque n'est pas touché mais qu'autre chose est touché, je ne comprends pas...

Lendemain retour chez le 1er docteur qui m'annonce si je comprends bien une rupture du ligament latéral interne du genou mais aussi de grosse chances pour que le ligament croisé antérieur soit lui aussi touché. Il me demande alors de repasser le lendemain pour rencontrer un docteur spécialiste et m'annonce que je vais devoir me faire opérer, me demandant si je veux le faire ici ou en France, ici l'opération coûterait 1700€...

Alors là  je suis vraiment au fin fond du seau, ça ne va pas, je suis en pleine remise en question... Je rentre dans une petite sinistrose car tous mes projets en prennent un serieux coup, et la question de rentrer pour se faire opérer se pose, je n'ai pas envie de rentrer, ce serait abandonner au premier obstacle et qu'est ce qu'une opération et une convalescence en France aurait de mieux qu'ici? Cependant, les messages de soutiens se multiplient et m'ont réchauffé le coeur en ce moment dur.

Le lendemain c'est la mort dans l'âme que je vais voir ce nouveau médecin, qui lui aussi est super sympa (au passage le premier médecin ne m'a fait payer que la première de mes 3 consultations), heureusement au passage car vu mon état un con en face de moi aurait fait sortir de moi toute ma frustration! Et donc après avoir vu les imageries et consulté mon genou me fait: "Normalement, si il n'y a pas de complication, vous pourrez être sur le terrain dans un mois!". Alors là je ne veux pas y croire, en tout cas j'ai beaucoup de mal vu ce que m'a dit le médecin la veille et ce que m'ont dit mes amis sur ce genre de blessures... J'ai du ne pas comprendre quelque chose dans le diagnostic, les ligaments ne sont surement pas rompus mais simplement endommagés, enfin je suis sur le cul, le docteur finit par me demander si je suis déçu de ne pas subir d'opération vu que je lui demande si il est sur au moins 6-7 fois... Il me dit qu'il me faut une atèle plus solide et contraignante que celle que j'ai pour éviter toute rotation du genou, et dans deux semaines je dois retourner le voir pour voir l'évolution avec une radio et confirmer qu'il n'y a pas besoin d'opération et si c'est le cas avec du kiné je pourrais être sur le terrain 2-3 semaines après. Et ben je vais vous dire que j'aime beaucoup ce médecin, car même si il m'a dit des bêtises, il m'a rendu heureux!

Je rentre donc chez moi la joie au coeur, et me dirige ensuite vers l'adresse qu'il m'a donné pour me procurer une atèle convenable. Après plusieurs essais, l'atèle me convient, je décide de la prendre et demande donc le prix, quand le gars me dit "thirty thousand", je comprends "thirty hundred" car je m'attends à un prix dans cette échelle, mais non il me répète bien "thirty thousand" ce qui revient à prêt de 500€!! 500€ pour une atèle que je vais porter 3 semaines ça fait vraiment mal! D'autant que je n'ai pas autant d'argent avec moi. Je décide de ne pas la prendre et d'appeler plus tard le médecin pour lui demander si il n'y a pas une autre solution. Et bien entendu il y a une autre possibilité, on m'a simplement pris pour une poule aux oeuf d'or. Ainsi le lendemain une personne vient directement chez moi me faire essayer une atèle à moins de 150€.


Atèle à 500€, les coutures sont en fil doré!

Pendant ce temps, de nouveaux gars (en plus de moi) ont du déclarer forfait pour le tournoi de Calcutta, et ce que je craignais depuis quelques jours déjà arriva, on a du annuler notre participation au tournoi, ça me fout les boules car on n'a pas 150 occasions de jouer des tournois en Inde et on  passe à côté de celle là, et qui plus est ça me fait chier pour l'organisation, car je sais ce que c'est d'organiser un tournoi où les équipes se décommandent au dernier moment.

Donc désormais j’entraîne en usant plus ma voix et mon sifflet que l'exemple que je prônais, en effet je ne demande jamais à mes joueurs de faire des choses que je ne peux pas faire ne serait-ce que par respect, mais aussi je montre toujours l'exemple pour pouvoir être légitime et que l'on ne puisse pas me reprocher de ne pas le faire. Bien que l'on ne fait pas le plein de joueurs aux entraînements du weekend, j'arrive à faire deux bonnes sessions où l'on commence à travailler sur la fluidité et la continuité du jeu, il y a pas mal de travail encore à réaliser mais des réflexes commencent à venir.

Ces entraînements contribuent à me remonter le moral, et à me regonfler un peu!

Sinon il fait toujours aussi chaud chez moi, je n'ai toujours pas de clim', donc le ventilo tourne non stop pour faire un peu d'air, mais quand il y a des coupures d'électricité ça devient vraiment insupportable, le pire c'est pendant la nuit!

Vous pouvez aussi suivre le projet sur Facebook sur Pierre à l'édifice ou sur Twitter @PierrealEdifice. 

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