mardi 23 octobre 2012

Pune 7's: Le tournoi.

C'est donc avec 2 semaines d’entraînements et des filles qui en plus de ce tournoi n'ont qu'un seul tournoi dans l'année avec leur club qu'on va disputer ce tournoi qualificatif à la Coupe du Monde.

Du fait que ce tournoi ait cet enjeu, toutes les équipes sont venues pour gagner le tournoi ou tout du moins truster une des 3 première places significatives de qualification pour Moscou. Parmi les têtes de séries: le Fiji (qui a été reversé dans ce tournoi après avoir obtenu le 4ème place de la zone Océanie), le Japon (qui a battu les championne du monde Australienne deux semaines avant le tournoi), la Chine (tenante du titre) et le Kazakstan (finaliste l'an passé). Il y a 15 équipes, 3 poules de 4 et une poule de 3, les deux premières de chaque poules sont reversées en quart de finale de la Cup et les autres équipes iront disputé la Bowl et la Shield. Manque de chance, on est dans la poule de 3 avec le Japon et Hong Kong, soit  le tirage le plus dur possible (Hong Kong sans être favori fait figure de outsider).

Avant de commencer le tournoi, je sais que le point faible de mon équipe est la vitesse, les filles ne sont pas rapides et ça peut nous porter préjudice, mais j'ai bon espoir qu'elles jouent avec leurs coeur et leurs tripes pour arriver peut-être pas à battre mais tout du moins à faire douter ces deux mastodontes en face de nous.

Après s'être installé à l'hôtel, je vais assister avec ma capitaine à la conférence de presse d'avant tournoi, avant que cette dernière ne commence, des journalistes indiens sont venus me poser des questions sur le rugby en Inde, je leurs disais alors qu'on avait beaucoup de problèmes financiers et qu'on manquait de compétitions plus d'autres choses, c'est alors que la conférence de presse s’apprêtait à commencer. Les personnes de l'IRB, de l'ARFU, et de l'IRFU ont dit leur joie de recevoir un tel tournoi, puis vint le tour des journalistes. Ces derniers ont repris toutes mes réponses pour demander aux responsable de l'IRFU si c'était vrai... J'étais un peu gêné, mais ça m'a fait rire, voilà le risque qu'ils prenaient à me nommer à un tel poste! Les journalistes n'ont posés aucunes question sur le tournoi soit dit en passant! Plus chauvin qu'un français? Un indien!


S'en est suivi la réunion des coachs et managers, puis celle des arbitres. Le soir on dîne bien et on ne se couche pas trop tard, samedi on donne le coup d'envoi du tournoi à 9h00 contre Hong Kong.


A partir de 5h45, les filles vont voir la kiné qui nous accompagnent pour faire leur straps, à 7h45 on quitte l'hôtel pour le terrain. Peut-être à cause de la pression, de l'enjeu ou je ne sais quoi, mais j'ai fait un discours aux filles qui leur a mis la pression, j'ai parlé de l'importance de leur place, de ce que ça représentait au lieu de dédramatiser la situation, elles avaient assez de pression par elles-même.

Les filles se changent, on fait l'échauffement, et le tournoi commence. Pendant toute la première mi-temps on a la possession du ballon mais on est stérile, on n'apporte pas le danger, et Hong Kong, sur 3 ballons marque 3 essais, c'est frustrant! La seconde mi-temps est tout aussi dur, on souffre au niveau vitesse, et notre défense est aux abois. Résultat 36-0... Score logique tellement la différence de niveau et d’expérience était flagrante! Et qui plus est c'est dur de dire aux filles que l'on va faire mieux ensuite en sachant qu'on va jouer contre le Japon... Les filles ont tout de même fait preuve de courage, et n'ont pas lâché le match.


Le match contre le Japon se fait 2 heures après et le score sans appel de 49-0 traduit la différence de niveau, on ne joue décidément pas dans la même cours! Les filles sont déçu, mais je leur dit que le lendemain on jouerait à notre niveau contre des équipe de notre niveau, qu'aujourd'hui ce n'était pas pour nous. On finit la journée en spectateur, la Chine, les Fiji et le Kazakhstan sont en place, le Fijienne étant les même que les hommes, déjà physiquement et ensuite dans le jeu, elles font des trucs de fou qui marche de qui plus est!


On finit la journée un peu déçu mais en espérant que le lendemain on pourra redresser la tête! Le match pour le quart de finale de la Bowl sera contre la Malaisie encore une fois à 9h00.

Ayant appris de mes erreurs et après avoir discuté avec les filles, la préparation est totalement différente. Au coup d'envoie les filles sont mobilisées, elles commencent bien le match mettant une grosse pression en défense et en conservant la balle. On reste tout de même assez stérile n'apportant que trop peu de danger de part notre manque de vitesse. En seconde mi-temps on finit par marquer un essai récompensant nos effort, cet essai constitue une libération. Le match se finit sur le score de 5-0, ça n'a peut-être pas été le plus beau match de rugby mais ça reste une victoire et que la victoire est belle! On se félicite, cette victoire rassure quand à notre potentiel et montre qu'on peut jouer au rugby et ça contredit les journaux du matin qui avait parlé d'une équipe ne savant pas de quoi parlait ce sport.

Pour la demi finale de la Bowl, on est opposé aux voisines Sri Lankaise, c'est dessuite un autre niveau, elles ne sont pas très costaud mais très rapide, là encore notre manque de vitesse se fait voir, on perd 33-0, score dur et qui ne reflète pas tant le match que ça.

Pour le dernier match de notre tournoi, on rencontre l'équipe d'Iran pour la 11ème place. Les Iraniennes ont la particularité de jouer voilées, elles ont un super état d'esprit, chantent en permanence, sont vraiment courageuses sur le terrain et encouragent toutes les autres équipe. Ce match s'annonce très intéressant. Les filles sont sur-motivées, je ne fais pas trop tourné mon effectif ayant trouvé un équilibre avec 7 filles. En attendant que le match d'avant se finissent, les deux équipes attendent alignées sur le bord, c'est à ce moment que je vais serrer la main de l’entraîneuse Iranienne... Chose à ne pas faire question de religion, c'est un peu pataud que je m'excuse en comprenant ma maladresse. Les Iraniennes chantent des chansons pour se motiver, c'est à se moment là que les indiennes se mettent en rond se tenant par les épaules et commencent à chanter l'hymne indien. La tradition indienne veut que quand l'hymne national résonne tout le monde se lève, arrête se qu'il fait, se tait et reste immobile: tous les indiens dans les tribunes et dans l'organisation se sont alors arrêté, comme si on se retrouvait au milieu de statues, le temps s'est arrêté autour de nous et des filles qui chantaient, c'était assez impressionnant! Le match se finit, les chants cesse, il est temps de rentrer sur le terrain. Le match commence, c'est équilibré, mes filles plus puissantes avances sur les impactes mais les iraniennes ne lâchent rien et font marcher leur vitesses, on se fait déborder deux fois, le score à la mi-temps est 10-0. 2 minutes avant les citrons, j'ai senti une première goutte, puis une seconde et à la mi-temps, ce n'était pas une légère pluie qui tombait sur nous mais un vrai déluge, le tout poussé par le vent qui s'était levé aussi, de vrai conditions chaotiques. Je retrouve alors les filles qui avaient la tête basse, et leur demande alors simplement: "Sont-elles meilleures que vous?" Et la de concert, elles me répondent "NON!", alors je leur demande de me le prouver, de me le montrer, de jouer! On reçoit le ballon en début de seconde mi-temps et  on ne le relâchera plus, c'est à se moment qu'on ne fait plus un seul en-avant, qu'on met du rythme, qu'on déplace le jeu et je jeu paye, on marque un essai puis un second, on est revenu dans le match on mène 12-10! Il reste 10 seconde à jouer, je conseille alors à la fille qui donne le coup d'envoie de le taper loin pour mettre la pression et occuper le terrain (là a été mon erreur!), les Iraniennes conservent alors la balle, elles ne le tombent pas, créent un regroupement au centre du terrain, et nous mal réorganisés en défense, une Iranienne prend le ballon et nous contourne et va finir dans l'en-but. Score final 17-12... C'est vraiment dur car on y a vraiment cru et qu'on tombe après s'être relevé!





Malgré tout, ça reste une victoire quand même, on a réussi à revenir dans le match et on a montré qu'on savait jouer au rugby et qu'on pouvait procurer aux gens du bonheur, car pendant cette mi-temps, toutes les tribunes du stade étaient en feu et tout le monde nous supportait et vibrait avec nous. J'ai réuni les filles après le match et je les ai remercié, car même si on ne termine que 12ème du tournoi, on n'aurait pas pu faire beaucoup mieux, 11ème au max, en sachant que le Sri Lanka a finit 10ème. Je pense qu'en deux semaines on a pu faire une équipe qui certes n'était pas la meilleur du monde mais au moins on a réussi à prendre du plaisir ensemble et sur le terrain et je pense que c'est le plus important, et pour tous les indiens et journaliste qui était présent sur ce dernier match, ils ont eu de quoi être fier de leur équipe et ils peuvent être sur que cette équipe à tout donné pour eux.

Personnellement, j'ai été heureux d’entraîner ces filles, tous les parents des filles sont venus me remercier chaleureusement car visiblement les filles leur ont parlé en bien de moi. Ça restera une super expérience  j'ai franchement beaucoup appris lors de ces deux semaines.

Le tournoi s'est fini par une soirée entre toutes les équipe et biensur c'est les indiennes qui ont mis l'ambiance en incitant toutes les équipe à venir danser avec elles. Elles m'ont offert pour l'occasion une jolie "Kurta" (chemise longue indienne).



Le lendemain je devais partir à 7h00 pour l'aéroport de Bombay, et toutes les filles de l'équipe se sont levées pour me dire au revoir, l'émotion était présente...

Vous pouvez aussi suivre le projet sur Facebook sur Pierre à l'édifice ou sur Twitter @PierrealEdifice.

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